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ANNA WAISMAN - ANDRÉ NEHER

Sous les pavés, la plage.

Un slogan qui résonne à plusieurs titres avec l'oeuvre de la sculptrice Anna Waisman qui réalisa sa première œuvre en 1958 à coup de burin, tenailles et tournevis sur les pierres du Viaduc d'Auteuil en démolition.

Danseuse étoile de l'Opéra de Strasbourg puis des ballets d'Amérique Latine, c'est suite à un accident qu'elle se tourne vers la sculpture encouragée par Zadkine qui la découvre près de son atelier rue d'Assas. 

En 1963, elle commence un travail sur papier et sur toile de recherche mnémonique sur le point et le trait qui deviendront respectivement des sphères et des parallélépipèdes rectangles comme le Yod et le Vav, deux lettres de l’alphabet hébraïque dont l'aspect est celui d'un point et d'un trait. Lorsqu'en 1970, Anna Waisman revient à la sculpture, c'est l'alphabet hébreu qu'elle fait danser sous ses doigts. 

Sa rencontre avec André Neher, écrivain et philosophe juif, artisan du renouveau de la pensée juive après-guerre fut déterminante. C'est auprès de lui qu'elle s'initiera à la symbolique de chaque lettre ''matériau ayant servi au Créateur à construire le monde''. 

Pendant 25 ans, ils entretiendront une très belle correspondance, basée sur le respect et l'ouverture d'esprit. Lui, tolérant envers toutes les croyances, juste et généreux. Elle, curieuse, intuitive et optimiste qui souhaite créer et poser dans le désert d'Israël l'architecture d'une lettre arabe et dans le désert d'Egypte celle d'une lettre hébraïque symbolisant son désir de paix.

Et pourtant... Enfant de la guerre, née en 1928, Anna Waisman a dû se réfugier dès 1939 en Dordogne avec ses parents et sa sœur tandis que l'intégralité de sa famille, éparpillée en Europe, fut arrêtée et assassinée. Cette tragédie l'a amenée à se poser la question de la place de Dieu dans de tels actes barbares. Elle y répondra en partie à travers ses œuvres d'où elle a fait surgir les infinités de sens contenues dans ses formes, ses repliements, ses envolées. Jamais elle ne laissera sa créativité se perdre dans les méandres du ressentiment. Tailler en brusquant un matériau ne mènerait à rien, bien au contraire, elle préfère utiliser sa créativité comme une force pour exprimer sa vision du monde et son désir de paix. Elle croit en l'homme, encore, malgré tout. 

« J’ai découvert le judaïsme en sculptant les lettres hébraïques dans la pierre », écrit-elle, et le dialogue qu’elle établit, à partir de 1962, avec André Neher, la conforte dans ses intuitions, la rattache à un judaïsme ouvert et recréé, la rassure dans le chemin qu’elle parcourt le long des vides et des pleins d’un alphabet qu’elle découvre et comprend en même temps qu’elle le sculpte.

Disparue en 1995, elle n'aura pas le temps d'inscrire ces lettres d'espoir dans les déserts d'Israël et d'Egypte, néanmoins il nous reste toutes les autres pour méditer. 

Pas besoin d'être de confession juive pour apprécier les sculptures d'Anna Waisman, tant elles délivrent avec douceur leurs messages cachés, et pour découvrir cette merveilleuse correspondance et les mots justes d'André Neher. C'est un document exceptionnel d’une amitié stellaire entre l’artiste et l’homme de pensée que nous avons la chance de pouvoir lire aujourd'hui.

« Ces merveilleuses lettres, cher André Neher, sont le symbole de toutes les fraternités à tous les stades et degrés de l’homme. Elles sont les clés de l’avenir du monde ; elles savent si bien synthétiser par la pureté, l’équilibre, l’harmonie, que le respect et la considération sont primordiaux pour la survie de l’espèce humaine. Me croirez-vous si je vous disais que nous nous parlons elles et moi un langage combien secret, exclusif, fait de subtilités, de complicité et d’amour ? »

Richement illustré et imprimé en couleurs le livre reproduit plus de soixante-dix œuvres d’Anna Waisman, évoquées tout au long de la correspondance.

La sortie de ce livre sera accompagnée de conférences et d'expositions à Strasbourg, au siège de la région grand Est, puis à Paris, pour culminer au MAHJ à la fin de l’année.

Anna Waisman – André Neher

Cette chose indispensable qui reste invisible et que je sais voir et entendre

Correspondance 1962-1988


Édition établie et présentée par Sibylle Blumenfeld

Avant-propos de Carine Brenner et Renée Neher

Préface de Nelly Hansson

Coédition Editions de l'éclat / Fondation André et Renée Neher, sous l'égide de la Fondation du judaïsme français


Avril 2023

Format 16,5 x 23,5, 256 pages

Prix, 29 €

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